JFK L’assassinat les questions
Dallas 22 novembre 1963

Site dédié à l’assassinat du Président Kennedy et à l’étude des questions sans réponse pleinement satisfaisante près de 60 ans après les faits.

Jack Ruby - le meurtrier de Lee Harvey Oswald

Jack Leon RUBINSTEIN assassina Lee Harvey Oswald le 24 novembre 1963, au moment où la police de Dallas allait transférer Oswald à la prison du Comté.


par Pierre NAU

Jack Leon Rubinstein dit « Ruby » demeure un des personnages clé du drame de Dallas. Tout a été dit sur lui, sans réussir toutefois à déterminer son rôle exact. Officiellement, le problème Ruby n’existe pas. La commission Warren a été très claire à son sujet. Ruby a agi seul, de sa propre initiative et dans le seul but de venger John Fitzgerald Kennedy, lâchement assassiné. Qu’en est-il vraiment et la vérité est-elle aussi limpide ?

 

1 - Ruby vengeur désintéressé et altruiste :

C’est le Jack Ruby décrit par la commission Warren et celui de la vérité officielle. Ne pouvant se contenir, une pulsion vengeresse incontrôlable l’a conduit à supprimer Oswald. A ses yeux, justice était faite et le Président pour lequel il déclara par la suite avoir beaucoup d’admiration, était vengé. De plus, en éliminant Oswald, il évitait un procès pénible à la veuve du Président : Jackie. Cette vision des choses n’est pas totalement irréaliste et Ruby ne serait pas le premier dans l’histoire de l’humanité à agir de la sorte, pour les mêmes mobiles. Cette présentation des faits est aussi très touchante. Nul doute que dans le conscient collectif de l’époque, son geste recevait un écho favorable. Par voie de conséquence, tout jury choisi pour le juger serait sensible à un tel geste désintéressé et aux motifs aussi nobles. Cette vérité ne peut être totalement exclue, même si des interrogations subsistent. En effet, accréditer cette thèse c’est supposer ou reconnaître deux qualités essentielles chez Jack Ruby :

- l’altruisme

 le refus de l’injustice

Ces deux qualités paraissent nécessaires pour expliquer son geste. Ne pouvant supporter l’injustice et le crime odieux envers son Président, les institutions étant bafouées et fragilisées par cet acte, réparation devait être faite. C’est donc dans cette logique, conforme à ces 2 qualités, que Ruby décide le dimanche 24 novembre 1963 de supprimer Oswald, pendant son transfert du siège de la police de Dallas à la prison du comté.

Ruby avait-il vraiment ces deux qualités ? A en croire les déclarations de ses contemporains, rien n’est moins sûr. Si on lui reconnaît çà et là quelques gestes généreux, on ne peut pas en conclure pour autant qu’il faisait preuve d’un altruisme débordant. En revanche, beaucoup de ceux qui l’ont côtoyé se souviennent de ses colères soudaines et de sa tendance à l’emportement pour des motifs souvent bénins. Ses anciens employés n’ont pas tous gardé non plus le souvenir d’un patron attentionné et protecteur. De nature assez violente, il ne pouvait s’empêcher de se charger lui même d’éjecter de son établissement tout perturbateur plus ou moins actif. La scène était fréquente et avait lieu pratiquement tous les jours. Tout porte à croire que Ruby dirigeait ses établissements d’une main ferme où les sentiments étaient absents. En somme Ruby était plutôt un homme d’affaires assez dûr aux qualités altruistes assez limitées. Dans ces conditions, il est difficile de croire la Commission Warren quand elle nous le présente comme le meurtrier ne pouvant se contenir et décidé à venger le Président assassiné. Il est d’autre part difficile d’imaginer que Ruby ait commis ce meurtre sans un minimum de préparation. C’est peut-être pour cette raison qu’il a attendu le dimanche matin, soit 2 jours après l’assassinat, pour passer à l’acte. Cette attente est à elle seule révélatrice et condamne pratiquement la version selon laquelle Ruby aurait agi par pure vengance. Si tel était le cas, tout porte à croire qu’il l’aurait fait beaucoup plus tôt le vendredi ou le samedi. Aussi examinons maintenant les faits et indices qui laissent supposer que le geste de Ruby était prémédité et répondait à une certaine logique.

2 - Ruby assassine Oswald après mûre préparation :

 

Ruby assassine Oswald

Cette hypothèse est contraire à la thèse officielle qui a exclue toute relation entre Oswald et Ruby rejetant ainsi tout idée de complot. L’éventualité du meurtre de Ruby s’inscrivant dans le but de le réduire au silence pour mieux préserver une possible conspiration a été totalement exclue. Là encore, on peut être perplexe et se demander comment la Commission a pu être aussi catégorique. L’étrangeté de certains faits auraient du l’inciter à plus de prudence. Voyons maintenant pourquoi le déroulement des évènements amènent certains commentaires et laissent quelque peu dubitatif. L’emploi du temps de Ruby et ses déplacements avant qu’il ne supprime Oswald a de quoi surprendre. Là aussi des questions viennent à l’esprit. Avant d’essayer d’y apporter des éléments de réponse, il convient de les énumérer en se limitant à celles qui paraissent essentielles à la compréhension des évènements.


  • Où se trouvait Ruby au moment des coups de feu sur Dealey Plaza ?
  • Que faisait Ruby dans les locaux de la police de Dallas dès l’arrivée d’Oswald, une fois celui-ci arrêté ?

  • Comment a-t-il pu se permettre de corriger l’erreur du Procureur Henry Wade à propos du Fair Play for Cuba Committee, alors que ce dernier présentait Oswald à l’ensemble de la presse sans que cela n’éveille le moindre étonnement ou la moindre réaction chez le procureur ?

  • Comment a t-il pu se rendre aussi facilement dans le sous-sol des locaux de la police en empruntant une rampe d’accès gardée sans qu’on le remarque ?
  • Comment interpréter la différence d’attitude et de comportement de Ruby avant et après le meurtre d’Oswald ?

 

Où se trouvait Ruby au moment des coups de feu sur Dealey Plaza ?

 

A en croire la Commission Warren, Jack Ruby ne se trouvait pas sur Dealey Plaza au moment de l’attentat contre le Président Kennedy. Ruby était présent dans les locaux du Dallas Morning News, un grand quotidien de la ville, occupé à la rédaction d’une annonce pour ses deux établissements de nuit, 2 cabarets de bas de gamme le Carousel et le Vegas. Curieux pour un homme qui déclarera plus tard avoir tué l’assassin présumé de son Président bien aimé pour éviter à sa veuve un procès douloureux. A le croire il vouait une profonde admiration envers John Fitzgerald Kennedy et son bouleversement était à l’origine de son acte impulsif et incontrôlable. On comprend mal dans ces conditions que Ruby ne se soit pas rendu sur Dealey Plaza acclamer son Président. Après tout l’annonce au profit de ses établissements dans un journal pouvait attendre. Même si l’équilibre financier de son fond de commerce laissait à désirer et méritait quelque publicité, la venue execeptionnelle du Président à Dallas aurait du être et la priorité de Ruby ce jour là. Evidemment, la présence de Ruby dans les locaux d’un quotidien local arrangeait bien les affaires de la Commission. Ce témoignage venait conforter l’idée selon laquelle Ruby et Oswald ne se connaissaient pas et n’avaient pas agi de concert. Autrement il est clair que Ruby se serait trouvé sur Dealey pour assister son complice d’une manière ou d’une autre. L’absence de Ruby sur Dealey Plaza permettait à la Commission de se raccrocher à son idée maîtresse : "l’absence de complot". Mais Ruby était-il vraiment dans les locaux du journal de la ville comme l’affirme la Commission. Le doute est permis si l’on considère les déclarations de certains témoins qui déclarent avoir vu Jack Ruby sur Dealey Plaza. Bien sûr les déclarations de ces témoins dérangeaient quelque peu la Commission Warren car ils remettaient en cause sa théorie du tireur isolé. Deux témoins d’importance ont déclaré avoir vu Jack Ruby sur Dealey Plaza et à des moments différents. A ces deux occasions, le comportement de Ruby ou de la personne ayant été identifiée comme telle par les témoins a de quoi surprendre.

Voyons tout d’abord ce qu’a vu le matin du 22 novembre Judith Ann Mercer vers 11 heures soit moins de 2 heures avant l’attentat. Jeune femme de 23 ans à l’époque et habitant Dallas, Mlle Mercer s’est trouvée bloquée derrière un camion sur Elm street, peu de temps avant que la circulation ne soit interdite au public pour permettre les préparatifs, avant que le cortège présidentiel n’emprunte cette voie. Le camion empiétait sur le trottoir de droite et obstruait la voie la plus à droite de la chaussée et Mlle Mercer dut attendre pour pouvoir déboiter que la circulation se fluidifie . Avant de se déplacer, elle disposa du temps suffisant pour pouvoir observer ce qui se passait autour d’elle.
Observant le camion, elle vit un homme descendre et récupérer à l’arrière ce qu’elle identifia comme étant un étui de fusil. L’homme se dirigea ensuite vers le sommet du monticule herbeux (Grassy Knoll) que plusieurs témoins identifieront dans quelques heures comme le point de départ des coups de feu.
Hormis cette observation capitale, Judith Ann Mercer verra en déboitant enfin de la position où elle se trouvait, assis au volant du camion, un homme qu’elle identifiera de façon formelle comme étant Jack Ruby. Elle ne variera pas dans ses déclarations sur ce point en particulier. Elle sera aussi formelle en déclarant que l’homme se dirigeant vers le monticule herbeux n’était pas Lee Harvey Oswald et ne lui ressemblait en aucune façon. Au moment où elle avait vu Oswald se faire assassiner, Mlle Mercer observerant la scène chez elle devant son écran de télévision, reconnaîtra immédiatement Ruby comme étant l’homme qu’elle avait vu 2 jours plus tôt sur Elm street au volant du camion. Fait surprenant, seul le FBI interrogera Judith Ann Mercer à plusieurs reprises, alors qu’elle ne sera jamais entendue par la Commission Warren qui ne se contentera que des procès verbaux du FBI. Pour être tout à fait objectif, la crédibilité de Mlle Mercer a été entamée dans mesure la mesure où ses déclarations évolueront dans le temps. Même si elle ne s’est jamais contredite, il est dommage qu’elle ne se soit pas souvenue de tout, au moment de sa première déposition, évitant ainsi toute suspicion de la part de ceux qui restaient sceptiques sur le crédit à apporter à ses déclarations. C’est en partie pour cette raison que la Commission ne souhaitera pas l’entendre. Même si on peut comprendre sa réaction, la Commission aurait du adopter la même attitude vis à vis de tous les témoins dont les déclarations variaient d’une déposition à l’autre et dont la crédibilité pouvait être entamée. C’est particulièrement vrai pour la très contradictoire et versatile Mme Markham principal témoin à charge dans le meurtre de Tippit et pour Howard Brennan qui prétendit avoir identifié Oswald à la fenêtre du cinquième étage, des mois après sa première déposition.

Il n’en demeure pas moins vrai que Julia Ann Mercer a clairement identifié Jack Ruby le matin de l’attentat au volant d’un camion garé dans Elm street et duquel est sorti un individu (voir son témoignage).
Ce dernier s’est ensuite dirigé vers le sommet du Grassy Knoll non sans avoir récupéré au préalable un objet ressemblant étrangement un étui à fusil à l’arrière du véhicule. Moins de deux heures avant l’attentat, Ruby se serait donc trouvé sur Dealey Plaza et déposé à endroit stratégique un individu transportant une arme. Même si on admet que Ruby était au Dallas Morning News au moment des coups de feu, il semble bien qu’il ne soit pas complètement étranger aux évènements de Dealey Plaza.

Venons en maintenant aux déclarations d’autres témoins intéressants, négligés par la Commission Warren qui eux aussi ont vu Jack Ruby sur les lieux de l’attentat.
Vis à vis le Texas Schoolbook Depository, des employées d’un atelier de couture qui connaissaient parfaitement bien Lee Harvey Oswald pour avoir l’habitude de le rencontrer l’ont vu peu après les coups de feu et une fois sorti du TSD, se diriger vers un homme. Ce dernier aurait alors tendu un revolver à Oswald. Cet homme n’était autre que Jack Leon Rubinstein dit "Ruby". Les déclarations de ces jeunes femmes ont de quoi surprendre mais elles sont apparemment bien réelles. C’est du moins ce que déclara au FBI une certaine Helen Harris, quelques jours aprés l’attentat. Curieusement, la Commission n’entendra jamais les jeunes femmes et ne leur demandera jamais de s’expliquer sur ce point capital. Si les jeunes femmes ne se sont pas trompées, Ruby se trouvait donc sur Dealey Plaza ou du moins aux abords immédiats au moment de l’attentat.
Là, le comportement de Jack Ruby est révélateur et encore plus actif que le matin du 22 novembre dans Elm street. Tendre un revolver à un individu que les jeunes femmes identifièrent comme étant Lee Harvey Oswald est un acte qui le rend complice de l’attentat qui vient d’avoir lieu. Evidemment, la démonstration n’a de valeur que si Oswald est bien la personne qu’ont vu les employées de l’atelier de couture et qu’il est bien l’auteur de l’attentat contre le Président. Dans ce cas, on peut se demander dans quel but Ruby donne t-il un revolver à Oswald. Là, plusieurs chercheurs ont avancé des hypothèses. La plus répandue est celle qui consiste à dire que le revolver que tend Ruby à Oswald est truqué et destiné à un mauvais fonctionnement. De cette façon, Oswald se voyant piégé au moment de son arrestation , se servirait de son arme qui s’enrayerait, permettant ainsi au policier en état de légitime défense de l’abattre. Cette explication est assez convaincante et permet de trouver une explication au geste de Ruby. Si cette hypothèse est confirmée, elle vient renforcer l’idée selon laquelle Oswald et Ruby se connaissaient et qu’ils étaient liés tous les deux à l’attentat de Dealey Plaza.

Les déclarations des employées de l’atelier de couture sont à rapprocher du témoignage d’un policier de Dallas Roger Craig.
Ce dernier verra peu après l’attentat un individu qu’il identifiera comme Oswald prendre place dans un station wagon de marque Rambler, conduite par un individu de type sud-américain. Le véhicule était d’allure générale assez semblable au Chevy que possédait Michael et Ruth Paine. Ceux-ci hébergeaient Marina Oswald à Irving, dans la banlieue ouest de Dallas. Ce détail apparemment anodin ou hors de propos est en fait très important. Une fois arrêté et interrogé dans les locaux de la police, la seule fois où Oswald perdit son sang froid, ce fut lorsqu’il se trouva face à Craig. Ce dernier décrivait le véhicule dans lequel il avait vu un individu qu’il pensait être Oswald prendre place, quand Oswald s’emporta violemment en disant :"Laissez Mme Paine en dehors de cette affaire, elle n’a rien à voir là dedans". En réagissant de la sorte, Oswald donnait du crédit à la déclaration de Craig et se trahissait. Si Craig avait vu juste en identifiant Oswald, il devenait alors possible de résoudre un des points les plus délicats de l’affaire, le timing d’Oswald après l’attentat et sa performance pour rejoindre aussi rapidement son domicile.
Par ailleurs, si l’hypothèse de Ruby donnant le revolver à Oswald, s’avérait juste, on tenait l’explication du mauvais fonctionnement du revolver d’Oswald, lorsque ce dernier avait tenté de s’en servir, au moment de son arrestation, au Texas Theatre.

Les déclarations des employées de l’atelier de couture sont plus convaincantes et moins sujettes à caution que celle de Judith Ann Mercer dans la mesure où elles sont plusieurs à avoir vu Ruby ou son sosie, tendre un revolver à Oswald. De plus, elles connaissaient Oswald. Une erreur collective est difficile à admettre et leurs témoignages semblent dignes d’intérêt. Il est regrettable que le FBI n’ait pas jugé bon d’informer la Commission Warren de leurs témoignages. Ceci d’autant plus qu’ils venaient confirmer les observations de Mlle Mercer, à propos du lien de Ruby à l’attentat et sa présence dans le proche environnement de Dealey Plaza.

S’agissant du témoignage de Craig, ses observations et ses dépositions venant d’un officier de Police, pouvaient être prises très au sérieux, à priori. Malheureusement, la Commission Warren n’accordera qu’un intérêt limité à son témoignage. Peut-être avait-elle senti sa personnalité troublante et s’était-elle méfiée. Dans le même temps, c’est regrettable. Roger Craig avait été le témoin, immédiatement après l’attentat, d’évènements importants qui auraient mérité un examen attentif.

D’autres personnes ont vu ou cru apercevoir Jack Ruby sur Dealey Plaza. Soit directement, soit sur des clichés pris par les photographes se trouvant sur les lieux de l’attentat. Toutefois, leurs témoignages sont beaucoup moins précis que ceux des 2 témoins dont nous venons de parler. Cependant, une fois encore, on observera que ceux qui ont vu Jack Ruby sur Dealey Plaza sont bien plus nombreux que les rares qui ont déclaré l’avoir aperçu au Dallas Morning News. Encore que les deux observations ne soient pas complètement incompatibles. Ruby a très bien pu se rendre dans les locaux du journal situé à quelques blocs de Dealey Plaza avant de rejoindre les lieux du crime.
Le cliché ci dessous pertmet d’évaluer la distance séparant l’entrée du Dallas Morning News de Dealey Plaza et du Texas School Book Depository, en particulier.

Photo prise le 19/11/2003

 

Il m’a personnellement fallu 2 mn 40 s, à pas normal, pour parcourir la distance. Tout réside donc dans le timing et plus précisément dans l’heure de départ, de Jack Ruby. Encore faut-il le reconstituer objectivement et non vouloir le faire coïncider avec une hypothèse prédéterminée comme l’a fait semble t-il la Commission Warren.

 

Que faisait Ruby dans les locaux de la police de Dallas dès l’arrivée d’Oswald, une fois celui-ci arrêté ?

Oswald est à peine arrivé dans le locaux de la police pour y être interrogé que Ruby s’y trouve déjà. Il est vrai que Ruby y est un peu chez lui, tant ses relations avec les policiers de Dallas sont nombreuses et quasi quotidiennes. On peut admettre que sa présence n’a rien d’exceptionnelle pour les officiers de police qui l’aperçoivent. De plus, beaucoup de journalistes ont investi les locaux depuis l’arrivée de l’assassin présumé de Tippit, au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité. Ce détail est d’importance car il montre bien que la sécurité du suspect n’a pas été pris en compte et n’a pas été la priorité de la Police de Dallas. Beaucoup de monde, trop d’individus avaient la possibilité d’approcher Oswald et la probabilité que l’un d’eux menace ou essaie d’attenter à la vie du suspect était élevée. Ruby comme les autres a eu, dès le vendredi après midi, la possibilité d’approcher Oswald et il ne s’en est pas privé. En effet à chaque apparition publique d’Oswald, Ruby est présent et l’observe. Etrange comportement pour quelqu’un qui dira plus tard avoir agi sous l’emprise d’une pulsion qu’il ne pouvait réprimer.
On peut se demander pourquoi Ruby a attendu le dernier moment, le dimanche matin soit deux jours après, pour abattre Oswald. Il est difficile d’adhérer à l’hypothèse de la pulsion soudaine. Les faits suggèrent le contraire et ont tendance à démontrer que le geste de Ruby a été prémédité par ce dernier ou exécuté sur ordre. Considérons ces deux hypothèses.

Dans le premier cas, la dérive d’un scénario dont il s’était rendu coupable peut expliquer le geste de Ruby.
Si ce dernier a bien remis un pistolet à Oswald au moment où il sortait du Texas School Books Depository, il le faisait dans un but précis. A l’insu d’Oswald, ce revolver était suffisamment altéré pour ne pas fonctionner. C’est ce qui s’est produit lors de l’arrestation au Texas Theatre, au moment où Oswald interpellé et se sentant perdu a essayé de s’en servir. Le cliquetis du chien du pistolet a été entendu par plusieurs témoins présents dans la salle de cinéma. Une balle étant encore présente dans la chambre, on peut exclure l’hypothèse du revolver vide.
Parallèlement on peut aussi se demander comment avec le même pistolet Oswald a pu abattre Tippit quelques minutes plus tôt. Le dysfonctionnement de l’arme est dans ce cas pour Oswald un élément à décharge. Le but recherché par Ruby était donc d’obliger Oswald à utiliser son arme, ce qu’il fit, tout en espérant, ce qui paraissait logique, que les policiers en état de légitime défense l’abattraient.
Oswald mort, le coupable désigné ne pouvait plus parler et l’enquête s’arrêtait. Malheureusement pour Ruby, dans le feu de l’action, les policier chargés d’arrêter Oswald préfèreront faire usage de leurs bras, prenant inconsciemment des risques certains. La tournure des évènements a pris Ruby au dépourvu. Ce dernier a du se sentir coupable vis à vis des commanditaires de l’assassinat de Dealey Plaza qui n’avaient pas prévu l’arrestation d’Oswald. On comprend alors qu’il lui fallait absolument réduire Oswald au silence. Dans cette perspective, la présence de Ruby dans les locaux de la Police de Dallas s’explique. Il lui faut absolument s’assurer du silence d’Oswald. En effet, Oswald se sentant perdu et lâché par ses complices aurait pu tout révéler et mettre ainsi en danger la conspiration. Dès le vendredi 22, Ruby surveille de près Oswald et en particulier lors de ses apparitions en public où il est interrogé par la presse. Car c’est bien là le danger le plus réel. En mal de sensationnel ou de déclarations fracassantes, Oswald se voit offrir très vite cette possibilité. Or il n’en fait rien et se borne à déclarer qu’il n’est pas coupable et qu’il ne comprend pas pourquoi on l’arrête. Ruby doit être alors satisfait du comportement d’Oswald puisque celui-ci ne compromet en rien la fuite des responsables dans ses déclarations. L’attitude d’Oswald ne variera pas jusqu’au moment où il sera abattu et Ruby ne cessera de l’observer.

Alors que conclure de l’attitude d’Oswald et de Ruby car loin d’être dissociés, leurs comportements respectifs peuvent répondre à une logique commune. Dans cette optique, Oswald n’est peut-être pas le pigeon qu’il prétendait être et Ruby n’est pas non plus le vengeur solitaire agissant sous l’effet d’une pulsion incontrôlée. En effet de leur conduite respective, les faits semblent suggérer que :

  • Oswald avait un rôle, aussi minime soit-il, dans une conspiration probable et qu’en se bornant à ne déclarer rien ou presque, il permettait, en attirant l’attention de la Police et des médias, aux véritables responsables d’organiser leur fuite et leur protection. Ces derniers n’ayant pas prévu l’arrestation d’Oswald, ils ont du réadapter leur scénario et ont finalement utilisé l’arrestation d’Oswald à leur bénéfice tout en chargeant Ruby de le surveiller et de l’empêcher d’aller trop loin dans ses déclarations.

  • Ruby se sentait pleinement fautif de la dérive du scénario. Il devaitt se racheter vis à vis de ses commanditaires. En remettant un revolver truqué à Oswald, il avait prévu que ce dernier l’utiliserait au moment de son arrestation et que la Police en état de légitime défense l’abattrait aussitôt. Nous avons vu précédemment qu’il n’en a rien été et qu’en lieu et place, Oswald vivant se trouvait entre les mains de la Police. On aurait pu croire que Ruby dans ce cas aurait abattu Oswald à la première opportunité dès l’arrivée d’Oswald. S’il ne l’a pas fait aussitôt et s’il a attendu le dernier moment, ce n’est probablement pas de sa propre initiative mais sur ordre.
    On peut alors supposer que le choix de supprimer Oswald le dimanche 24 au moment de son transfert s’inscrivait dans cette logique. Malgré son silence et la prudence d’Oswald dans ses déclarations, les conspirateurs ont estimé qu’une fois en prison et hors de leur contrôle, Oswald aurait pu constituer une menace à plus ou moins long terme.
    C’est sûrement la raison pour laquelle ils ont demandé à Ruby de le réduire au silence.

Un autre fait laisse supposer que Ruby connaissait Oswald et qu’il le surveillait. Il accrédite d’une certaine façon les hypothèses qui viennent d’être évoquées.
Il a lieu lors de la conférence de presse au cours de laquelle Oswald est présenté à la presse par le Procureur Henry Wade.

 

Comment a-t-il pu se permettre de corriger l’erreur du Procureur Henry Wade à propos du Fair Play for Cuba Commitee alors que ce dernier présentait Oswald à l’ensemble de la presse sans que cela n’éveille le moindre étonnement ou réaction chez le procureur ?

 

Ruby écoute attentivement Oswald lors de la conférence de presse. Bientôt il corrigera l’erreur du District Attorney Henry Wade évoquant le Fair Play for Cuba Commitee. (Photo extraite des "exhibits" du rapport Warren)

 

Oswald dans la soirée du 22 au 23 novembre 1963 a été confronté à la presse. Il faut dire que les médias ayant envahi les locaux de la Police de Dallas, il était impossible aux responsables officiers de Police présents de laisser les journalistes avides d’informations plus longtemps dans l’expectative. C’est ainsi qu’au mépris des règles les plus élémentaires de sécurité et avant même qu’il ait pu bénéficier d’une assistance juridique et donc des conseils d’un avocat, Oswald se retrouve face à la presse. Prudent, Oswald sera si peu dissert qu’il aurait été difficile de le piéger en retenant contre lui certains de ses propos. Parmi la foule, au fond de la salle de conférence un personnage écoute très attentivement Oswald. Cet homme bien connu des policiers présent n’est autre que Jack Ruby. Sa présence ne peut être contestée puisque les films et photographies prises lors de la conférence atteste de sa présence. Mieux encore, Ruby ira même jusqu’à s’exprimer en corrigeant l’erreur d’un Procureur, un certain Henry Wade, qui présentant Oswald à la presse fait état de son appartenance au Fair Play for Cuba Commitee. Au moment où Wade évoque ce mouvement de soutien à Cuba, il fait une erreur en qualifiant le mouvement de Free Cuba Commitee. Immédiatement, Ruby corrige son erreur en le reprenant et en citant l’appellation correcte du mouvement. Une partie de l’assistance surprise se retourne alors dans la direction de Ruby qui se limite à la simple correction de l’erreur du Procureur. Ce sera la seule réaction de l’assistance. Personne ne relève ce détail d’importance et qui a de quoi surprendre. Comment Ruby peut-il connaître avec autant de précision l’existence de ce groupuscule qui est une frange du très limité Parti communiste américain ? Pourtant Ruby n’est pas connu pour ses sympathies communistes et ne semble pas particulièrement intéressé par les mouvements de soutien au régime castriste. Quand on sait que la Commission Warren déclarera par la suite que Ruby a agi sous l’emprise d’une pulsion incontrôlée et qu’il ne connaissait pas Oswald, on peut s’étonner que dans ces conditions il soit particulièrement averti des occupations et agissements d’Oswald vis à vis du Fair Play for Cuba Commitee. Car il ne faut pas oublier qu’Oswald avait créé ce mouvement quand il était à la Nouvelle Orléans et que la Commission déclarera qu’il était le seul membre de ce groupuscule. Alors comment Ruby peut il connaître l’existence d’un tel groupuscule et avec autant de précision sans en avoir entendu parler auparavant ? Or la seule personne susceptible de lui en avoir parlé est son créateur : Lee Harvey Oswald. On est alors obligé d’en venir à la conclusion qu’Oswald et Ruby se connaissaient. C’est ce que plusieurs témoins ont déclaré mais ils n’ont apparemment pas convaincu la Commission Warren. Il est donc regrettable que l’intervention de Ruby lors de la conférence de presse n’ait pas retenu l’attention qu’elle méritait de la part des enquêteurs. C’est d’autant plus fâcheux que la Commission Warren s’est appliquée à démontrer que Ruby et Oswald ne s’étaient jamais rencontrés. Peut-être aurait-elle moins catégorique dans ses affirmations en essayant d’expliquer davantage l’intervention de Ruby lors de la conférence de presse. Mais ce n’est pas la seule surprise de ce week-end de novembre 1963 qui va connaître un autre prolongement dramatique : l’assassinat d’Oswald. Cet évènement n’aurait pas eu lieu sans que Ruby accède au sous-sol du bâtiment de la Police à l’intérieur duquel se trouvait le véhicule où Oswald devait prendre place pour être transféré à la prison du Comté. Là aussi nous allons voir que Ruby n’a eu aucune difficulté pour accéder à un emplacement aussi sensible.

 

 

Comment Ruby a-t-il pu accéder au sous-sol des locaux de la police aussi facilement ?

 

Cette question peut surprendre si on se rappelle que la police de Dallas avait décidé que le transfert d’Oswald vers la prison du Comté serait public et en présence de tous les médias. Par suite, une foule compacte avait investi le sous-sol prête à observer Oswald juste avant qu’il ne disparaisse dans le véhicule à l’intérieur duquel il devait prendre place. Dans ces conditions, la présence de Ruby dans le sous-sol n’avait rien de surprenante d’autant plus que depuis le vendredi 22 il avait pu se déplacer à sa guise et où bon lui semblait à l’intérieur des locaux de la police. En revanche la façon dont il s’est introduit dans le sous-sol est beaucoup plus suspecte.

Ruby se trouvait dans Commerce street après être sorti des locaux d’une agence de la Western Union d’où il venait d’envoyer un mandat. C’est alors qu’il décide de pénétrer dans le sous-sol des locaux de la police en empruntant la rampe d’accès donnant sur Main street. Celle-ci n’est pas très large et elle est gardée par la police en faction. Cette disposition se comprend aisément dans la mesure où le fourgon cellulaire qui doit conduire Oswald à la prison du comté doit bientôt passer par là et qu’aucun véhicule ou rassemblement ne doit obstruer le passage. Il était donc pratiquement impossible qu’un individu emprunte la rampe en passant inaperçu.

© Pierre NAU tous droits réservés

 

C’est pourtant ainsi que Ruby s’est rendu dans le sous-sol sans que le policier chargé de filtrer et de surveiller l’entrée ne le remarque. Difficile à croire mais c’est pourtant ainsi que les choses se sont passées à en croire la Commission Warren. Une fois de plus il faut bien se rendre à l’évidence que la Police de Dallas a fait preuve de légèreté dans son comportement. A moins que connaissant Ruby, le personnel de faction n’ait pas été surpris de voir un familier de la maison entrer dans le sous-sol par cet accès. Même si c’était compréhensible de leur part, il était imprudent de laisser un homme connu et armé de surcroît emprunter la rampe. Une simple fouille de l’individu aurait été la plus élémentaire des précautions. Hélas il n’en a rien été et la Commission Warren est même allée jusqu’à déclarer que Ruby avait accédé au sous-sol par la rampe sans que le policier de faction à l’entrée ne le remarque. A un moment aussi important c’est à dire à l’heure où le transfert d’Oswald vers la prison du Comté est en cours, un relâchement de l’attention du personnel chargé de la surveillance des points sensibles a de quoi surprendre. Il est d’autant plus inexplicable et inattendu qu’il finit par en devenir suspect. On aurait voulu faciliter l’accès au sous-sol de Ruby pour qu’il commette son crime qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Car contrairement aux déclarations de la Commission Warren qui a toujours prétendu que Ruby était entré par hasard par la rampe, au moment opportun et ignorant tout de l’imminence du transfert différé à plusieurs reprises, le comportement de Ruby répond à une certaine logique si on analyse les faits. Ruby pénètre par la rampe pour une raison simple. Il lui sera plus facile d’atteindre sa future victime car une fois la rampe donnant sur Main street descendue, il verra immédiatement Oswald sortant de l’ascenseur et n’aura qu’à faire que quelques pas pour l’atteindre. C’est ce qu’il fera et 3 pas suffiront... En revanche il lui aurait été beaucoup plus difficile de s’approcher d’Oswald en restant à l’intérieur des locaux de la police tant la foule qui s’y pressait était dense. Dans ces conditions, la probabilité de se trouver au bon endroit et au bon moment pour faire feu était mince. C’est d’autant plus vrai que le transfert d’Oswald après maints reports est finalement décidé à 11heures 17. Or quand on s’intéresse à l’emploi du temps de Ruby tel que l’a reconstitué la Commission Warren on comprend mieux l’obligation qu’avait ce denier de se trouver à la bonne place et en temps voulu.

Oswald transféré à 11 heures 17 est abattu à 11 heures 21 soit 4 petites minutes après le début de son transfert. La commission a toujours soutenu que Ruby s’est trouvé par hasard sur Main street, qu’il a emprunté la rampe donnant accès au sous-sol soudainement et qu’il s’est finalement trouvé face à Oswald pour l’abattre et venger le Président défunt. Il est très difficile d’adhérer à cette thèse pour les raisons suivantes :

- Ruby ignorait qu’Oswald serait transférer dans un véhicule se trouvant dans le sous-sol. Oswald aurait pu être conduit à la prison du Comté en sortant des locaux de la Police par une autre issue ;

- Ruby ignorait l’heure du transfert d’Oswald. Non seulement l’horaire avait été reporté plusieurs fois mais le transfert une fois décidé avait débuté en retard ;

On est obligé de conclure que la Police et Oswald en particulier n’ont vraiment pas eu de chance et qu’en revanche Ruby a bénéficié d’un concours de circonstance exceptionnellement favorable. Le doute et le scepticisme éprouvés à la lecture des conclusions du Rapport Warren sur ce point précis du drame de Dallas sont bien légitimes. On ne peut s’empêcher de penser que quelqu’un a du faire part à Ruby des changements des dernières minutes et qu’on lui a facilité la tâche en lui permettant d’emprunter la rampe d’accès au sous-sol aussi facilement. Peut-être a-t-il été aperçu par le policier en faction devant l’accès à la rampe et que ce dernier le connaissant n’a pas jugé bon de l’interpeller. Même si c’est le cas, on peut s’étonner qu’il ne l’ait pas au mois fouillé sachant l’imminence du transfert et connaissant le menaces de mort sur la personne d’Oswald qu’avait reçu la Police le dimanche matin 2 heures à peine avant le début du transfert. Quelle négligence coupable et lourde de conséquences. On comprend pourquoi le policier responsable se soit tu et déclara n’avoir pas vu Ruby pénétrer. Il reste alors l’horaire du transfert que Ruby ne pouvait connaître. L’espace de temps réduit entre le moment où il accède au sous-sol et l’instant où il fait feu est si réduit que les faits suggèrent que quelqu’un l’a informé des derniers changements de programme. Qui dans cette hypothèse ? Une personne forcément bien informée et proche des décideurs. Où ? Probablement au siège de la Wester Union où Ruby n’a peut-être pas seulement envoyé un mandat à une de ses connaissances ? Peut-être a-t-il joint alors au téléphone son informateur peu de temps avant de se rendre au sou-sol. Car il n’y pas de doute sur le fait que Ruby se trouvait bien au siège de la Western Union vers 11heures 10. Le récépissé de son mandat l’atteste. En revanche il n’existe pas de preuve formelle de son coup de fil éventuel. Il n’y a rien d’étonnant à cela car Ruby a bien pu téléphoner en utilisant des pièces de monnaie parfaitement anonyme.

Enfin, l’attitude de Ruby et son comportement avant et après le meurtre d’Oswald suggère qu’il a agi sur ordre ou pour se racheter d’une bévue dont il s’était rendu coupable.

 

Comment interpréter la différence d’attitude et de comportement de Ruby avant et aprés le meurtre d’Oswald ?

Nombreux sont ceux qui parmi la Police de Dallas ont observé un changement radical d’attitude et de comportement chez Ruby avant et après avoir abattu Oswald. Nerveux et agité du vendredi au dimanche matin, il affichera un comportement détendu et calme après l’assassinat d’Oswald. Comme s’il était soudain soulagé d’un poids et satisfait de la tâche accomplie. Bien évidemment la Commission Warren a trouvé une explication à ce changement d’attitude aussi brutal. Pour cette dernière, Ruby venait tout simplement d’évacuer d’un coup toute la frustration accumulée depuis l’assassinat de son Président vénéré et éprouvait une satisfaction légitime en ayant vengé ce dernier. Cette explication est logique à la thèse qu’a toujours défendue la Commission Warren mais elle est peu convaincante.

Que Ruby soit nerveux et ne tienne pas en place depuis le vendredi est un fait incontestable. Qu’il n’arrive plus à se contrôler au point d’attendre le dimanche matin pour se libérer de sa frustration est beaucoup plus contestable. Si Ruby éprouve une haine farouche envers Oswald qui vient d’assassiner le Président, on comprend mal qu’il attende le dernier moment pour commettre le geste vengeur. N’a-t-il pas eu la possibilité d’approcher Oswald dès le vendredi pour l’abattre ? Alors pourquoi cette attente ? Là encore la seule explication qui vient à l’esprit est celle évoquée précédemment à savoir celle qui consiste à envisager que Ruby surveille Oswald de près et veille à ses déclarations. Puisque ce dernier ne déclare rien ou presque ou tout cas peu de choses susceptibles de nuire à quiconque, Ruby n’a aucune raison de l’abattre. Toutefois il reste nerveux et inquiet. Si Oswald n’a pas encore parlé, il n’a pas l’assurance absolue qu’il ne le fera pas plus tard. Pourtant le samedi n’amène rien de nouveau et Oswald persiste à ne rien déclarer ou presque. Il faut dire qu’en l’absence d’ un avocat, son attitude est somme toute logique et compréhensible. Ruby surveille toujours Oswald et ne quitte pratiquement pas les locaux de la Police. A cet effet, il ferme ses deux établissements nocturnes. Il déclarera plus tard l’avoir fait en signe de deuil et s’offusquera que ses confrères n’en ait pas fait de même. Motif louable mais peu probable. La véritable raison de ces fermetures est peut-être différente. La surveillance d’Oswald l’oblige à une disponibilité peu compatible avec la surveillance rapprochée et quasi continue d’Oswald.

La seule déclaration d’Oswald inquiétante pour une éventuelle conspiration est celle où il lâche n’être qu’un "pigeon" (a patsy). Cette phrase est la seule où Oswald laisse supposer qu’il n’est pas seul et qu’il est là pour jouer le mauvais rôle, celui du coupable désigné. Si tel est le cas on devine l’angoisse des véritables responsables et par voie de conséquence l’inquiétude de Ruby. Sa nervosité a du alors augmenté tant il redoutait qu’Oswald ne devienne plus dissert. Pourtant Oswald n’en dira pas plus, faute de temps ou parce qu’il comprend que ce n’est pas dans son intérêt immédiat d’en réveler davantage. A l’appui de cette hypothèse, la réponse ultérieure d’Oswald à l’enquêteur qui l’intérroge : " C’est vous le flic, c’est à vous de trouver".

Rien ne changera jusqu’au dimanche matin, avant que Ruby passe à l’acte. Alors pourquoi son geste ? Si on laisse de côté la thèse officielle, la seule explication qui peut être avancée est celle l’ordre reçu. Ruby a alors assassiné Oswald parce qu’on le lui a probablement demandé et pour éviter de laisser en vie un suspect désigné qui n’aurait sûrement pas tenu sa langue indéfiniment. Par suite, il est compréhensible qu’une fois son geste accompli et bien exécuté, Ruby soit enfin soulagé et affiche une sérénité qui tranche avec l’agitation et la nervosité montrée par le personnage les jours précédents. Ruby est ainsi quitte envers ses complices éventuels et répare ainsi la dérive du scénario qui a mal tourné au moment de l’arrestation d’Oswald au Texas Theatre.

Loin d’être farfelue cette hypothèse suggérée par le déroulement des évènements est la seule qui permet d’expliquer le changement de comportement de Ruby.

 

3 - Conclusion :

 

Le mystère Ruby demeurera tant que l’on se refusera d’oublier la thèse officielle qui comporte trop d’invraisemblances pour être crédible. Alors, à l’examen des faits, le mystère disparaîtra peut-être. C’est ce qu’aurait du révéler le procès de Ruby. Malheureusement il n’a pas appris grand chose. Ruby s’est appliqué à coller le plus dans ses déclarations à la thèse officielle. Peut-être espérait-il ainsi s’attirer la sympathie des jurés en restant sur sa position à savoir qu’il avait agi seul et sans l’aide de quiconque. Il disposait de plus d’une opinion publique favorable, qui comprenait le geste d’un personnage décidé à venger le Président assassiné. Curieusement, c’est tout le contraire qui se passa. Mal défendu et mal conseillé par un avocat californien du nom de Melvin Belli (assisté de Joe Tonahill), plus spectaculaire et médiatique qu’efficace, Ruby sera condamné à mort. Il fera bien sûr appel de ce jugement mais il n’y aura pas de nouveau procès. Ruby contractera rapidement un cancer et disparaîtra sans avoir vraiment parlé. Peut-être était-ce préférable pour une éventuelle et probable conspiration qui voyait ainsi disparaître un personnage gênant. L’action judiciaire s’arrêtait, Ruby s’était racheté vis à vis de ses commanditaires et en prime il n’avait pas parlé. Le mystère Kennedy débutait et n’a toujours pas trouvé d’épilogue.

Enfin comment ne pas évoquer les déclarations d’un célèbre Président de la République Française :


« Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme ils l’avaient prévu. Le type s’est défendu (Lee Harvey Oswald). Un policier a été tué (J.D. Tippit). Il y a eu des témoins. Par la suite, on était obligé d’ouvrir un procès. Un procès ! C’eût été épouvantable. Tout le monde aurait parlé. On aurait remué des choses. Alors la police est allé trouver un indicateur qui n’avait rien à lui refuser et qu’elle tenait parfaitement en main. Ce type s’est dévoué pour tuer le faux assassin, sous prétexte de défendre la mémoire de Kennedy. »
 


Général Charles de Gaulle.

 


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